
A savoir :
Le Front de Gauche propose à l’échelle nationale des outils fiscaux qui permettraient de doter les municipalités de nouveaux moyens financer les politiques publiques :
- Réforme de la fiscalité locale faisant participer les actifs matériels et financiers des entreprises.
- Doublement, généralisation et modulation du « versement transport », payé par les entreprises.
D’autres choix budgetaires sont possibles !
Le mandat qui s’achève laissera la ville de Lille dans une situation budgétaire précaire, marquée par :
- La forte augmentation de l’endettement de la ville : l’encours de la dette est passé de 186 millions d’euros fin 2008 à 359 millions d’euros fin 2012.
- La forte diminution de l’autofinancement de l’investissement.
- Une dépendance accrue vis-à-vis des recettes du casino et des droits de mutation, en l’absence de décision fiscale durant le mandat.
La ville a beaucoup investi durant le mandat, notamment dans « l’attractivité ». La stratégie de la ville a largement reposé sur un développement par croissance externe, visant à accueillir de nouveaux habitants. Cette politique, faite d’équipements de prestige (casino, hôtels de luxe,..) et de nouveaux quartiers destinés aux catégories socio-professionnelles favorisées (Bois Habité, Euratechnologies), nous paraît avoir délaissé les habitants des quartiers populaires. Ce bilan, en demi-teinte, comporte également des réalisations positives, notamment s’agissant des équipements de proximité et culturels.
À l’issue du mandat qui s’achève la ville nous semble à la croisée des chemins : poursuivra-t-elle sa fuite en avant ou réorientera–t–elle ses choix vers un développement davantage centré sur le développement local et la sobriété ?
La ville et la métropole sont confrontées à la « double peine » :
- D’un côté, l’État réduit leurs dotations (diminution de 1,5Md€ en 2014 et de 1,5Md€ supplémentaires en 2015) et leur impose de nouvelles dépenses (réforme des rythmes scolaires?, emplois d’avenir),
- De l’autre, la crise économique se traduit par la stagnation des recettes liées à l’activité (versement transport, droits de mutation) et l’augmentation des dépenses sociales.
La baisse des dotations intervient au moment où la ville a réduit ses marges de manœuvre financières. Dans ce contexte, nous ne serons pas de ceux qui opéreront des coupes dans les budgets de la ville et de la métropole.
Refuser l’austérité
Il nous faudra lutter contre le discours dominant de l’austérité, qui voudrait que l’on comprime encore et toujours les dépenses publiques, alors même que :
- Contrairement aux petites entreprises et aux artisans, les grands patrons et leurs actionnaires sont les grands gagnants des réformes successives de la taxe professionnelle,
- Les ménages favorisés ont également massivement bénéficié de baisse d’impôts, notamment au travers des différents dispositifs de défiscalisation (de Robien, Duflot,…).
La maîtrise de la masse salariale signifie moins de fonctionnaires, le non-remplacement systématique des départs en retraite et la volonté de ne pas exiger l’augmentation du point d’indice des agents, bloqué depuis déjà 4 années.
Cette orientation est d’autant plus insoutenable qu’avec le nombre d’équipements nouveaux, équipements sportifs, culturels ou d’accueil du public, il y a nécessairement besoin de davantage d’agents.
La nécessaire création d’écoles avec le développement de quartiers comme le Bois Habité, la Porte de Valenciennes, le secteur de FCB à Fives et le futur quartier de l’ancienne gare Saint-Sauveur suppose la création de postes d’agents municipaux.
La position de principe sur la masse salariale est intenable dans le temps sauf à multiplier les équipements sans leur garantir une vie effective.
Nous refusons :
- Le non–remplacement des départs en retraite de fonctionnaires et les suppressions de postes dans le secteur public et associatif,
- Les démarches de mutualisation basées sur la création de « services communs », telles qu’issues de la Loi sur les Métropoles,
- Les projets de privatisation des services publics.
Financer les services publics
Suppression de la taxe professionnelle, gel des dotations... Les finances des collectivités locales et notamment des communes ont été très éprouvées ces dernières années, alors que les charges imposées par l’État augmentent, et que la détresse sociale grandissante requiert des services publics renforcés...
Les choses ne vont pas en s’améliorant : les collectivités verront un doublement de la réduction des concours financiers de l’État sur deux ans, portant le manque à gagner pour les collectivités à 4,5 milliards d’euros d’ici 2015. Deux fois plus que ce qui était prévu par la loi de programmation budgétaire votée en décembre dernier pour assurer le pacte de compétitivité qui prévoit 20 milliards de cadeaux fiscaux aux entreprises. Et l’accès au crédit pour les collectivités territoriales est limité par les banques.
La méthode retenue par le Gouvernement sans aucune concertation préalable annonce de lourdes conséquences pour les collectivités locales, malgré l’engagement du Président de la République sur l’élaboration d’un « pacte de confiance et de solidarité ».
L’Association des maires de France parle d’un « coup de massue » qui aura de graves conséquences sur les services à la population, l’emploi, l’investissement public, et l’économie locale quand le gouvernement se prépare à mettre à la charge des collectivités locales de nouvelles dépenses (hausse des taux de la TVA, accompagnement de la réforme des rythmes scolaires?).
Ces mesures qui visent à assécher les finances des collectivités sont à rapprocher de l’acte III de décentralisation : rôle accru des métropoles, nouveaux transferts, concentration des pouvoirs, désengagement de l’État accentuant de plus en plus les inégalités territoriales et les concurrences entre territoires... Que ce soit sur l’emploi, les transports, l’orientation ou les missions d’enseignement (avec la réforme du temps scolaire) le projet reste dans la logique de celui initié par Sarkozy.
Il est donc impératif de mener la bataille pour redonner aux collectivités les moyens de leur action, avec des leviers sur une fiscalité locale des entreprises, et un impôt local des ménages qui soit enfin adossé au revenu.
Nous souhaitons éviter :
- Les coupes sombres et indifférenciées dans les dépenses publiques.
- De nouveaux transferts de charges entre les entreprises et les ménages.
C’est pourquoi, nous souhaitons que soient mobilisés tous les leviers (fiscaux, mode de gestion des services publics) permettant de faire participer les ménages favorisés, les entreprises et leurs actionnaires au financement des services publics.
Nous défendrons :
- La mise en place d’une taxe foncière à l’échelle de la métropole, destinée à faire participer les habitants de la métropole au financement des « équipements de centralité ». Votée à l’échelle de la métropole, et touchant uniquement les propriétaires, elle permettra de limiter l’impact négatif sur les revenus des ménages,
- L’augmentation corrélative de la cotisation foncière des entreprises (CFE), destinée à couvrir les besoins de financement de la métropole (les taux des impôts des ménages et de la CFE sont liés),
- L’augmentation de la taxe sur les surfaces commerciales, payée par la grande distribution. Elle peut réglementairement être augmentée de 5% par an, jusqu’à atteindre un coefficient plafond (coefficient maximum de 1,2 contre 1,05 actuellement).
Quelques économies
Les marges de manœuvre sont étroites compte tenu du désengagement de l’État. Dans l’attente du retour à la régie, elles doivent passer, pour les marchés délégués, par un contrôle citoyen de toutes les Délégations de Service Public et de la dette, et par une réduction des dépenses liées au marketing territorial et aux évènements qui n’ont pas de retombées sur le bien-être des habitants.
Dans la gestion quotidienne, il y a des économies à faire :
- Réduire la communication politique et culturelle de la ville et l’appel à des structures extérieures pour réaliser cette communication.
- Réduire les budgets des réceptions liées à la vie culturelle officielle.
- En finir avec certains grands évènements culturels de prestige coûteux, vus d’un très mauvais œil par de nombreux citoyens soucieux de l’utilisation des deniers publics
Arrêter de taxer les pauvres
- Dans le cadre de la préparation du budget 2014, nous proposons le gel des tarifications pour les publics nouvellement imposables et qui ne l’étaient pas antérieurement du fait de leurs faibles ressources. Cette proposition n’appelle aucun nouveau financement puisque ces publics étaient non imposables.
- Nous proposons le gel des tarifications concernant l’enfance et la scolarité pour tous les ménages dont les revenus sont en deçà du SMIC demandé par les syndicats européens (1700 euros).
Réduire les inégalités fiscales
La ville de Lille maintient depuis 2001 des taux d’imposition inchangés. Elle a bâti sa stratégie budgétaire sur la diversification des financements (casino notamment) et la revalorisation des bases d’imposition des impôts locaux (Taxe Foncière et Taxe d’Habitation).
Ce « statut quo fiscal » nous semble devoir être remis en cause car la situation actuelle laisse perdurer des situations injustes.
En 2008, la majorité municipale dont nous faisions partie défendait le principe de la stabilité des taux d’imposition. À l’heure actuelle, nous sommes partagés entre la volonté d’alléger le fardeau des contribuables, propriétaires et locataires, qui subissent l’effet de seuil et qui doivent s’acquitter d’une taxe d’habitation lourde, et la volonté de dégager des moyens supplémentaires pour donner la possibilité à la municipalité de mener des politiques ambitieuses et de maintenir son niveau de services aux habitants.
Les bases qui servent au calcul de ces impôts sont réputées comme étant anachroniques et donc injustes dans le contexte des évolutions territoriales du marché immobilier. La fixation de bases nouvelles quant aux valeurs locatives semble un exercice périlleux et elle nécessite une intervention de l’État pour réaliser ces changements sur une base équilibrée dans les villes et entre elles. Sur un plan national, l’indexation sur les revenus envisagée par le gouvernement permettrait d’en faire un impôt plus juste. En attendant, les communes peuvent voter et donc modifier les taux de la part qui leur revient.
Nous avons constaté qu’à Lille le taux de Taxe d’habitation est relativement élevé par rapport à d’autres grandes villes et que le taux de la taxe foncière est lui plutôt faible. Cela crée une situation d’inflation immobilière.
Population 2008 | Population 2009 | Evolution 2012 - 2008 | Taxe d’habitation | Taxe sur le foncier bâti | Taux de foncier non bâti | |
---|---|---|---|---|---|---|
Villeneuve d’ascq | 65 706 | 64 604 | -1 102 | 30,56 | 28,38 | 87,04 |
Lambersart | 28 309 | 28 698 | 329 | 41,58 | 31,45 | 44,58 |
Lille | 219 597 | 233 214 | 13 617 | 33,55 | 23,56 | 16,65 |
La Madeleine | 22 696 | 22 477 | -219 | 22,50 | 25,24 | 13,83 |
Marcq en Baroeul | 37 679 | 39 657 | 1 978 | 30,05 | 15,54 | 21,22 |
Roubaix | 98 039 | 95 813 | -2 226 | 34,25 | 31,33 | 72,03 |
Tourcoing | 94 204 | 93 070 | -1 134 | 34,76 | 31,78 | 49,63 |
Wattrelos | 42 984 | 42 041 | -943 | 34,45 | 49,91 | 113,52 |
Alors que la ville comptait 70% de locataires en 2009, dont 22% de locataires HLM, le taux d’imposition de la taxe foncière est singulièrement bas par rapport à celui de la taxe d’habitation : 23,56% contre 33,55%, presque 10 points d’écart.
Un différentiel d’imposition qui place Lille dans une situation plus proche de celle de La Madeleine ou de Marcq en Baroeul que de Tourcoing ou Roubaix.
Or, la taxe foncière est payée par le propriétaire tandis que la taxe d’habitation est payée par l’occupant (à 70% locataire). C’est pourquoi, nous souhaitons rééquilibrer progressivement, durant le mandat, les taux d’imposition de la taxe foncière sur le bâti et de la taxe d’habitation.
La taxe foncière présente l’avantage d’imposer, outre les propriétaires occupants, les entreprises, et les propriétaires bailleurs. La baisse du taux de la Taxe d’habitation peut être de nature à compenser au moins en partie l’augmentation du taux de taxe foncière.
Il faut rééquilibrer cette situation en donnant une bouffée d’air aux locataires, en taxant beaucoup plus les rentiers et les spéculateurs tout en pénalisant peu les propriétaires de leur seule habitation qui paient les deux taxes. L’augmentation de la taxe foncière pourra pousser les propriétaires de plusieurs logements dégradés et vacants à réaliser les travaux et à les louer ensuite. Le taux sur le foncier non bâti est très faible et doit être augmenté. Même s’il s’agit de recettes réduites, il n’y a pas de petits profits et nous espérons que la majeure partie de ces espaces trouvent une nouvelle fonction, cela aura vocation à dynamiser la construction.
Par ailleurs, la refonte de la politique d’abattement de la Taxe d’Habitation pourrait d’ailleurs permettre de limiter l’augmentation des taux pour les propriétaires occupants à faibles revenus et de la concentrer sur les hauts revenus, les entreprises et les propriétaires bailleurs.
Fourchette réglementaire | La Madeleine | Lambersart | Marcq en Baroeul | Lille | Roubaix | Tourcoing | Villeneuve d’ascq | Wattrelos | |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Abattement général à la base | entre 1 et 15% | 15% | 15% | 10% | 5% | 15% | 15% | 10% | |
Abattement pour les 2 premières personnes à charge | entre 10 et 20% | 15% | 15% | 10% | 15% | 10% | 15% | 15% | 10% |
Abattement pour les personnes à charge à partir du 3eme | entre 15 et 25% | 20% | 20% | 25% | 20% | 15% | 20% | 15% | 15% |
Abattement spécial en faveur | entre 1 et 15% | 15% | |||||||
Abattement spécial en faveur de certaines personnes handicapées | 10% | 10% | 10% | 10% | 10% | 10% | 10% |
Dans cette perspective, nous proposons que la ville mette en œuvre les abattements spéciaux en faveur des personnes de condition modeste et des personnes handicapées.
Propositions concrètes :
- Le triplement du taux communal de la taxe foncière sur les propriétés non bâties.
- La baisse du taux de la taxe d’habitation.
- La hausse du taux de la taxe sur les propriétés bâties.
- La création d’abattements spéciaux de la taxe d’habitation en faveur des personnes de condition modeste et des personnes handicapées.
Répartition budgétaire et part de la dette
La suppression de la taxe professionnelle a mis en difficulté nombre de collectivités car les nouvelles taxes sur les entreprises rapportent beaucoup moins. Par ailleurs, les collectivités n’ont aucune marge de manœuvre sur la fixation des taux.
Les socialistes doivent revenir sur cette réforme injuste qu’ils ont dénoncée quand Sarkozy l’a décidée. Les prochaines majorités de gauche des grandes villes et des agglomérations doivent mobiliser et gagner sur cette question.
Répartition des postes de dépense pour 100€ dépensés :
2012 | 2013 | |
---|---|---|
Éducation jeunesse | 19 € | 19 € |
Cadre de vie urbanisme | 26.5 € | 31 € |
Logement/habitat | 2,5 € | |
Ressources et moyens | 17 € | 15 € |
Culture et manifestations festives | 14.5 € | 16 € |
Sport | 5 € | 5 € |
Solidarité | 4 € | 14 € |
Économie et emploi | 4.5 € | |
Citoyenneté et proximité | 7 € |
Les politiques d’accompagnement des personnes âgées, des allocataires du RSA, des publics CCAS et personnes en situation de handicap représentent moins de 4% des dépenses. Quant à l’économie et l’emploi, ils représentent environ 4% du budget, seul 1,2% est à destination des publics en recherche d’emploi. Alors 14% des dépenses sont attribuées à la culture et aux manifestations festives.
Nous pouvons proposer une autre répartition sans réduire l’ambition culturelle et la démocratie de proximité.
La répartition des dépenses traduit des orientations qui, contrairement à l’affichage de la Ville de la Solidarité, ne privilégient pas cette dimension (voir ci-contre).
Alors que les recettes diminuent [1], le poids de la dette pèse sur le budget municipal [2] : chaque année, les intérêts pèsent lourdement dans le remboursement des annuités.
La politique financière de la ville doit faire l’objet d’une analyse critique avec un objectif : réduire la part des taux d’intérêts.
Faire participer davantage la métropole au financement des équipements de centralité
La ville de Lille, tout comme les villes de Roubaix et Tourcoing, accueille des équipements dits « de centralité » (conservatoire, opéra, théâtre, musées, piscines, « maisons folies »,…). Le financement de ces équipements pèse sur le budget de ces villes – centres, tout en profitant à toute la métropole. Lille métropole participe déjà partiellement au financement de certains équipements (opéra, conservatoires).
Nous défendons le maintien de la gestion municipale et le renforcement du financement de ces équipements par la métropole.
Une telle mesure ne peut être acceptée que si elle est vécue comme un progrès pour toute la métropole !
C’est pourquoi, nous souhaitons que le financement par la métropole aille de pair avec la mise en place de la gratuité dans les musées. Nous souhaitons donc que soit constitué un réseau de musées gratuits comprenant le Palais des Beaux - Arts, le Musée de la piscine, le Musée des Beaux - Arts de Tourcoing et le Musée d’Art Moderne de Villeneuve d’Ascq..
La mise en place de la gratuité devra s’accompagner d’une politique ambitieuse de médiation culturelle dans l’objectif de diversifier les publics fréquentant les musées de la métropole.