Saint Maurice - Pellevoisin

Dominique Sarrazin
Comédien
Dominique est né le 18 août 1950 à Beauvais (60), il est comédien, auteur, metteur en scène, ainsi que responsable du Théâtre de la découverte à la Verrière à Lille.
D’où mon engagement…
- Enfant du « baby-boom » mais surtout de l’Education Populaire sans laquelle mes parents, d’origines plus que modestes n’auraient pu avoir accès à la lecture, au cinéma, à la musique…, je n’ai jamais dissocié ma pratique artistique de cet héritage (qui
est aussi un creuset) que l’histoire des conquêtes ouvrières, des avancées politiques et artistiques avait rendu possible, ouvrant de nouveaux espaces à de nouvelles
populations.
- Il ne s’agit pas, pour moi, d’une position abstraite, d’une « attitude » idéologique,
mais d’une nécessité aussi vitale que le bonheur d’être au monde, le combat que cela implique, et l’attention constante, concrète, portée aux humains qui s’y débattent.
- Enfant de 68 (j’avais 18 ans), j’ai gardé vivace ce désir de soulèvement collectif
et intime contre la vie morne, la vie au rabais, et le plaisir physique de participer
collectivement à tous les mouvements d’idées et de propositions politiques, artistiques.
- Cet héritage est en passe d’être liquidé, progressivement, sciemment, par ceux-là même parfois qui se devaient de le faire fructifier. Tout cela au nom de la plus archaïque des « philosophies » - celle du tous contre tous – maquillée, armurée de
dogmes économiques flambant neufs (quoique…), creusés « objectivement » pour tracer la nouvelle et unique façon d’être au monde.
- Le théâtre que j’ai longtemps pratiqué en amateur avant d’en faire profession est resté pour moi un art de terrain, au plus près de ceux de qui on parle, de ceux avec qui on parle, de ceux à qui on parle – usant pour cela de mes propres mots comme de ceux de grands auteurs.
- Le théâtre, art de la mise en jeu, des histoires de rapport, s’il ne regarde plus le monde en face (le théâtre, c’est toujours au présent), s’il ne s’appuie pas sur les pensées actives, hétérodoxes, les témoignages, les récits, les cris et les révoltes de celles et de ceux qui n’admettent pas le monde tel qu’il est, en son triste état, bref si le théâtre s’absente formellement, éthiquement, physiquement de ce qui agite le monde social il n’est plus qu’un musée de cire, un monument de célébration, une vitrine sans arrière-boutique.
- Si le théâtre ne change pas le monde (heureusement !), il se doit de participer, avec tout le reste, de tout ce qui peut, maintenant, le changer.
- D’où mon engagement.