
Encourager la création d’emplois durables et accessibles à tous
En interrogeant la population sur ses besoins et ses compétences, nous pouvons encourager la création d’activités.
Cette pratique nécessite de mettre les habitants des quartiers au cœur des préoccupations économiques tout en créant des emplois qui prennent en compte leur compétences.
De nouveaux secteurs économiques pourraient ainsi voir le jour en fonction des ressources disponibles et les besoins économiques recensés auprès des citoyens et des acteurs économiques locaux..
Quelques potentiels en matière de création d’emplois
Développer la réflexion sur l’emploi industriel
Contrairement à l’idée répandue par le mythe de la « turbine tertiaire », il est nécessaire de développer les activités de production. À l’heure des préoccupations écologiques, du coût des matières premières et des transports, nous devons imaginer des activités nouvelles de productions, que ce soit dans les secteurs technologiques ou des matériaux utiles à la construction...
Par exemple, dans le cadre d’une complémentarité sur le plan métropolitain, nous voulons développer les activités du recyclage, de valorisation des déchets et de leurs débouchés en termes de production. Avec les expertises locales existantes et en réalisant les études nécessaires, nous encouragerons les investissements pour créer de l’activité industrielle pour le recyclage du bois, du plastique, du textile, des déchets d’équipement électrique et électronique ainsi que leurs débouchés sur des sites de productions existants ou à créer (équipementiers automobiles pour le plastique, matériaux d’isolation pour le textile...)
L’aménagement urbain doit être pensé pour favoriser la création de ses activités, que ce soit pour l’implantation des entreprises, le transport des marchandises, la collecte de déchets, etc.
Soutenir le développement d’une filière agricole locale et paysanne
Les mesures prises au niveau de la ville seront relayées au niveau de la communauté urbaine. La communauté urbaine a déjà engagé des efforts en ce sens, par l’aménagement d’une zone d’activité agricole de 47 hectares à Wavrin. Ces efforts ont besoin d’être amplifiés et étendus à toute la métropole.
Nous soutiendrons la mise en place d’un plan de développement d’une filière agricole locale et paysanne. Ce plan agira sur l’offre, la demande et la distribution des produits agricoles.
Il s’appuiera sur :
- La constitution d’une « ceinture verte agricole » tout autour de la métropole (réserves foncières à vocation agricole), et notamment dans le secteur des champs captants.
- Le soutien à l’installation d’agriculteurs, prioritairement en bio, par la location de terrains agricoles (baux environnementaux) sur le modèle des actions mises en œuvre par l’association Terres de Liens. Cette politique sera menée prioritairement dans les secteurs exposés aux pollutions liées aux usages agricoles,
- Le soutien à la structuration de la filière et à la création de coopératives,
- L’accompagnement des agriculteurs dans leurs réponses aux appels d’offres en amont de la passation des marchés en partenariat avec le GABNOR [1],
- Le soutien aux circuits courts : AMAP [2], épiceries solidaires, vente directe,…
- Des mesures incitatives vis-à-vis des communes membres de Lille Métropole (en particulier celles bénéficiant des politiques d’achats de terres agricoles) les poussant à réorienter leurs achats et à soutenir les circuits courts
Défendre et préserver les petites entreprises
L’artisanat et le commerce sont à la fois facteurs d’emploi et de cohésion sociale. Il est nécessaire d’agir pour leur maintien dans les quartiers. Nous devons engager un plan pluriannuel de la reprise d’entreprise avec les chambres consulaires, Pôle-Emploi, la mission locale, la Maison de l’Emploi et les services municipaux. Dans ce cadre, nous favoriserons la transmission ou reprise des très petites entreprises sous une forme coopérative.
Soutenir le secteur coopératif
Les sociétés coopératives (SCOP) doivent être soutenues. Elles doivent être pleinement intégrées dans les dispositifs de développement économique et d’emploi..
De nouveaux outils au service de la création d’activité
Afin d’impulser la création d’activité tout en donnant la priorité à l’emploi et non au profit, nous voulons développer une palette d’outils :
Une Agence Locale de Création d’Activité (ALCA).
Ce service, qui serait rattaché à la Maison de l’Emploi de Lille, aurait pour mission d’identifier les besoins ou les manques sur le territoire, ainsi que les compétences et savoirs-faire détenus par les habitants et de transformer ces observations en projet de création d’emplois.
De nombreux besoins existent. Certains d’entre eux sont déjà identifiés sans qu’aucune solution n’ait pour l’instant vu le jour. Par exemple, une réponse économique à l’absence d’épiceries dans certains sous-quartiers pourrait permettre de créer de nombreux emplois. Dans le secteur industriel, une entreprise locale de production de récupérateurs d’eau de pluie pourrait trouver dans les municipalités de LMCU une clientèle.
L’ALCA aurait donc la mission d’identifier ces opportunités, de vérifier la faisabilité et de créer l’activité économique pour répondre à ces besoins en proposant un montage de structure répondant aux principes de l’économie sociale et solidaire [3]. L’accompagnement à la création de structures (appel à candidature, lancement de l’activité, etc.) constituerait l’ultime étape de la création d’activité.
La Ville de Lille serait garante auprès de ces structures, notamment pour les prêts bancaires, dans le cas de création sous forme de Société coopérative d’intérêt collectif [4], elle serait sociétaire, de manière durable ou temporaire.
Ainsi, nous pourrions à Lille, sans attendre l’hypothétique créateur d’entreprise, insuffler les sociétés répondant aux besoins en utilisant les savoir-faire locaux. Ces sociétés créeraient de l’emploi durable et de qualité.
Des régies publiques
Dans les secteurs des transports, de l’eau, de l’énergie, des aménagements urbains (éclairage, voirie...) les délégations de services publics et les prestations par des opérateurs privés sont nombreuses. Sur chaque sujet, nous étudierons la faisabilité de réappropriation de certains secteurs par des régies publiques, et l’impact de celle-ci sur la qualité de l’emploi et sur le respect des normes environnementales.
Une plateforme municipale de services à la personne
Il faut repenser les services à la personne, gros secteur de précarité. Dans ce secteur, les acteurs publics ne peuvent pas se contenter de laisser croître la précarité. Au contraire, nous devons l’éradiquer. Nous proposons de créer une régie publique des services à la personne, sous l’égide du Centre communal d’action sociale [5]. En effet, dans une ville de la taille de Lille, il faut interroger le rôle de la puissance publique dans un secteur où la multiplication des employeurs, des conventions collectives, des protections sociales créent une zone grise de l’emploi..
Une commande publique au service de l’emploi
Par la politique d’achat public (approvisionnement en bio des cantines scolaires…), la ville comme la communauté urbaine doivent favoriser les circuits courts, encourager les partenariats et la consommation des productions locales que ce soit pour les particuliers, collectivités et entreprises. La ville contribue ainsi au développement des territoires ruraux environnant et de l’emploi dans les communes périphériques.
Propositions
- Veiller à l’application de la clause sociale dans les marchés publics tout en restant vigilant aux conditions de travail effectives des salariés de l’entreprise prestataire.
- Comme au plan régional, nous porterons l’exigence de suivi des aides publiques au niveau communautaire, et demanderons leur remboursement pour les entreprises qui ne répondraient pas aux contreparties en termes d’emplois.
Un service municipal dédié à l’agriculture urbaine
Plusieurs services et équipements municipaux, épars, agissent dans le secteur de l’agriculture urbaine : service des parcs et jardins, verger conservatoire du jardin Vauban, ferme des Dondaines, jardins familiaux et ouvriers, … Ces services peuvent servir de point d’appui à un nouveau service municipal dédié au développement de l’agriculture urbaine..
Ce service dédié à l’agriculture urbaine :
- Gérerait la régie de production agricole qui alimenterait les cantines scolaires en produits bio et locaux,
- Développerait les jardins familiaux et soutiendrait la création et l’entretien de jardins partagés, gérés par des collectifs d’habitants ou des associations. Ce soutien s’exprimerait par la mise à disposition de parcelles, la mise à disposition de matériel et de graines, de l’accompagnement et du conseil,
- Nouerait des partenariats avec les Universités, le LEP Horticole de Lomme et leurs étudiants : programmes de recherche, mise à disposition de parcelles à cultiver, stages…
- Assurerait la mise en réseau des acteurs de l’agriculture urbaine au travers d’une plate - forme internet recensant les jardins familiaux et partagés,
- Favoriserait l’implication citoyenne par la participation des habitants et des associations à son conseil d’exploitation.
Notes :
[1] Le GABNOR, association de développement de l’Agriculture Biologique, rassemble les agriculteurs biologiques et bio-dynamistes du Nord-Pas-de-Calais.Son objectif est de soutenir et développer l’agriculture biologique de manière durable et solidaire.
[2] Une association pour le maintien d’une agriculture paysanne? (AMAP) est un partenariat de proximité entre un groupe de consommateurs et une exploitation locale, débouchant sur un partage de récolte régulier composé des produits de la ferme.
L’AMAP fonctionne sur le principe de la confiance et de la responsabilité du consommateur ; il représente une forme de circuit court de distribution.
[3] L’économie sociale et solidaire (ESS) regroupe les structures (entreprises, associations, mutuelles, etc.), qui cherchent à concilier activité économique et utilité sociale, donnant la primauté aux personnes sur la recherche de profits.
C’est par analogie avec le Tiers état ou le tiers-monde, que ce secteur est désigné comme le tiers secteur, le premier secteur étant ici le commercial, et le deuxième le secteur public et para-public
[4] Une Société coopérative d’intérêt collectif (Scic) est une coopérative de production. Son sociétariat doit être obligatoirement multiple. Elle associe obligatoirement autour d’un projet des acteurs salariés, des acteurs bénéficiaires (clients, usagers, riverains, fournisseurs, …) et des contributeurs (associations, collectivités, sociétés, bénévoles etc.) pour produire des biens ou des services d’intérêt collectif au profit d’un territoire ou d’une filière d’activités.
Elle promeut des valeurs collectives et doit avoir un double objectif : efficacité économique et dimension sociale. Elle fonctionne selon le principe coopératif « un associé, une voix », mais peut pondérer le résultat des votes en assemblée générale par sous-groupes d’associés définis dans les statuts (collèges de vote).
[5] Un Centre communal d’action sociale (CCAS) est un établissement public communal intervenant principalement en matière d’aide sociale et d’animation des activités sociales.